Terroir : la Crau, un terroir singulier

Les sols

La plaine de la Crau s’est formée durant l’ère quaternaire par le dépôt des limons et des galets arrachés aux massifs des Alpes, charriés par la Durance, fleuve qui se jetait à l’époque directement dans la Méditerranée. Puis, lorsque sa trajectoire a changé sous l’effet de mouvements tectoniques, ce paléo-delta s’est asséché. Il est depuis plusieurs millénaires couvert par une végétation qui s’est adaptée au pâturage ovin et caprin, permettant la formation d’un écosystème unique : la steppe semi-aride de la Crau, nommée ”Coussoul”.

Les dépôts de la Durance se sont produits schématiquement sur deux grandes périodes distinctes :

• La plus récente qui date du Quaternaire, est formée de cailloutis qui sont à l’origine de La Crau de Miramas à Salon-de-Provence
et
• Une plus ancienne qui débute il y a 3,7 millions d’années, et qui a donné naissance à La Crau d’Arles : cailloutis plus anciens, fréquemment cimentés en poudingue.

La Crau est partagée sur toute sa médiane nord-est à sud-ouest par une dorsale de molasse du seuil de Lamanon à Mas-Thibert, en passant par le Luquier et l’Étang des Aulnes séparant ainsi deux dépressions. Ces dernières sont identifiées comme d’anciens chenaux de la Durance.

Molasse : Grès calcaire ou argileux issus de la destruction des jeunes reliefs suite aux mouvements de la plaque terrestre.

Le sol de la Crau, nommé “fersialsol” (pour témoigner de la présence de fer, silice et aluminium), est en partie responsable du caractère “xérique” de la végétation (milieu caractérisé par une aridité persistante). À quelques dizaines de centimètres sous sa surface s’étend une véritable dalle de ciment naturel, le “poudingue”, dont la présence est due au calcaire contenu dans les eaux de ruissellement qui ont progressivement enrobé les galets jusqu’à les cimenter sur une épaisseur pouvant atteindre plusieurs mètres. Ce poudingue calcaire (ou “taparas” en provençal), ne permet que très rarement aux racines des arbres d’accéder à l’eau de la nappe phréatique.

Ce n’est qu’avec l’aménagement de canaux et l’irrigation gravitaire, à partir de la fin du XVIe siècle, par le transfert d’eau de la Durance riche en limons, qu’un sol riche et fertile s’est formé. Son épaisseur est proportionnelle au nombre d’années d’irrigation et, dans cette partie de la Crau nommée Crau verte, le paysage contraste fortement avec celui de la Crau sèche correspondant à la partie non irriguée. Dans le Coussoul, l’épaisseur du sol est plus fine et celui-ci contient majoritairement des galets, alors que les champs de la Crau verte ont été finement épierrés par l’homme depuis l’arrivée de l’irrigation, afin de permettre l’exploitation des prairies. Un travail de titan.

Pour aller plus loin

L’Aquifère* et les cailloutis de Crau

L’aquifère des cailloutis de la Crau, hérité de l’ancien delta de la Durance, contient une nappe d’eau souterraine stratégique pour le territoire, dont le volume est estimé à 550 millions de m3. Les cailloutis reposent sur un substratum constitué par des formations globalement assez peu perméables : Pliocène argileux ou gréso-marneux sur la plus grande partie et Miocène marneux et localement gréseux sur la partie orientale. Le Pliocène affleure sur les bordures des étangs des Aulnes et d’Entressen.

L’épaisseur de cette formation alluviale est comprise entre quelques mètres dans les zones de hauts-fonds et peut atteindre 50 mètres dans les paléo-chenaux formés par l’ancienne Durance.

Extrait du site de notre partenaire le SYMCRAU

*Aquifère : Terrain perméable, poreux, permettant l’écoulement d’une nappe souterraine et le captage de l’eau.

Ce substratum marin ancien s’est plissé et la Crau s’est formée en 3 phases détritiques :

  • Les cailloutis du démantèlement des chaînes voisines ont rempli ces dépressions en épaisseurs variables et sous des formes différentes selon les lieux.
  • Fin Tertiaire, des alluvions rhodaniennes ont formé l’ouest de la Crau en comblant le synclinal** nord-ouest. Cela a constitué ce que l’on appelle la Crau d’Arles. En même temps, le Rhône formait les remblais caillouteux des Costières, dans le Gard.
  • Début Quaternaire, les alluvions de la Durance ont été déposées dans le synclinal est-sud-est formant la Crau de Miramas. À cette époque, la Durance passait par le seuil de Lamanon pour se jeter directement à la mer.

Source
Extrait de https://www.ougc13.fr/territoire/geologie-et-hydrologie/

**Synclinal : structure géologique consistant en un pli concave dont le cœur est occupé par les couches géologiques les plus récentes.

Le saviez-vous ?

C’est quoi le poudingue ?
(ou Taparas, le nom local)

Près de la surface (30 à 40 cm), les eaux souterraines chargées en carbonate ont cimenté les galets, formant une croûte très dure : le poudingue. Cette couche peu perméable explique en partie la présence de la végétation steppique de la Crau. Les plantes ne peuvent étendre leurs racines au travers de cette couche étanche. Elles doivent se contenter des quelques dizaines de centimètres de la couche superficielle. De plus, le poudingue empêche les échanges entre la nappe phréatique et la surface.