Terroir : la Crau, un terroir singulier

La faune et la flore

La plaine de la Crau a la particularité d’être un agroécosystème : les activités agricoles traditionnelles (élevage et production de Foin de Crau) sont essentielles à la préservation de la biodiversité.

Le coussoul est parcouru par les moutons depuis l’Antiquité (et même le Néolithique), comme en témoignent les nombreux vestiges de bergeries romaines. La Crau reste aujourd’hui le principal terroir de l’élevage ovin transhumant de Basse Provence. Le coussoul, parcours de choix, est pâturé essentiellement au printemps avant le départ en transhumance vers le massif alpin. Au cours des siècles, le pastoralisme extensif a façonné la végétation du coussoul. Il est indispensable à la préservation de la flore et de la faune.

La faune

Le coussoul est renommé pour ses oiseaux, typiques des steppes ibériques et du Maghreb. Espèce phare, le Ganga cata ne niche nulle part ailleurs en France. Le Faucon crécerellette, l’Alouette calandre, et l’Outarde canepetière ont ici une part importante de leurs effectifs nationaux. L’Œdicnème criard, le Rollier d’Europe, le Pipit rousseline, l’Alouette calandrelle et la Chevêche d’Athéna sont aussi des nicheurs remarquables. Le Pluvier guignard, le Faucon kobez et le Milan royal sont fréquents en migration ou en hivernage.

Près de 150 espèces d’oiseaux sont observables dans la réserve naturelle. Le Lézard ocellé, reptile autrefois abondant, est aujourd’hui très menacé. Le coussoul abrite aussi deux insectes endémiques : le Criquet de Crau et le Bupreste de l’Onopordon, qui est un coléoptère.

Ganga cata
© Jean-Christophe Bartolucci, CEN PACA

Agrion de Mercure
© Hubert Dupiczak, CEN PACA

Cordulie à corps fin
© Grégorie Landru, CEN PACA

Certains canaux hébergent des communautés de libellules. La communauté d’odonates qui s’y développe est ainsi considérée comme l’une des plus riches d’Europe, avec 49 espèces de libellules (Wolff, 2010), dont l’agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), qui est un des meilleurs indicateurs de la bonne qualité de l’eau, ainsi que la cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), connue seulement à l’origine dans les massifs cévenols. Mais aussi l’agrion bleuâtre (Coenagrion caerulesecens), dont le cœur de l’aire de distribution se situe au Maroc, ou encore le gomphe similaire (Gomphus simillimus), qui ne subsiste plus qu’en France et en Espagne. La présence d’autant d’espèces de caractéristiques biologiques si diverses sur un même cours d’eau est exceptionnelle.

Source :
La Crau : une steppe méditerranéenne unique en France ? A. Wolff, L. Tatin et T. Dutoit, 2013

La flore

Côté flore, la plante la plus répandue est une graminée, le Brachypode rameux. La coexistence du thym, de l’Asphodèle fistuleux et du Stipe chevelu fait du coussoul une communauté végétale unique.

Le coussoul abrite peu de plantes menacées. On y trouve néanmoins une sous-espèce endémique de lichen. Une fougère très rare, la Scolopendre sagittée, qui pousse dans certains puits.

La diversité de ce cortège steppique et l’abondance de certaines espèces sont ainsi uniques en France.

Parce que ce patrimoine exceptionnel se doit d’être protégé et conservé, les coussouls de Crau sont désormais classés Réserve Naturelle Nationale et une très grande partie de la Crau est classée en site Natura 2000. La Chambre d’agriculture est cogestionnaire de cette réserve avec le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN PACA).

Brachypode rameux
© Axel Wolff, CEN PACA

Asphodèle fistuleux
© Lisbeth Zechner, CEN PACA

Scolopendre sagittée
© CEN PACA